120 ans pour l’école de l’Ange Gardien, cette année…

En 120 ans…que de têtes blondes, que de devoirs, que de leçons ! Vous faites peut-être partie de tous ces enfants qui ont commencé leur instruction nourrie et partagée par la communauté religieuse des Soeurs Augustines et plus particulièrement soeur Rose qui fut une des pierres angulaires de cette école plus que centenaire et soucieuse d’une éducation prise en charge par une équipe d’enseignants étiquetés catholiques.

De l’élève au maître d’école

À deux ans et demi, voulant suivre ma soeur aînée à l’école, j’ai insisté auprès de mes parents pour me conduire dans ce lieu de formation qui allait devenir plus tard, mon cadre de vie professionnel. Quand on s’y plaît, on y revient… En effet, parmi les collègues enseignant(e)s que j’ai côtoyés durant ma carrière d’instituteur, je peux citer quelques noms comme Isabelle Lorenzonetto, Chantal Marin, Catherine Roland, Marie-Eve Martinazzo, Annette Marlier, Francis Degré… qui sont passés par toutes les classes de l’enseignement primaire. Une équipe d’anciens élèves aux commandes des apprentissages pour de nouvelles générations d’élèves!

Mais revenons à mes débuts… En tant qu’élève, j’ai commencé ma “carrière” chez madame Marie-Louise. Cette classe mixte regroupait deux niveaux. A cette époque, j’occupais une table qui faisait partie d’une demi-classe que l’on appelait ” le petit côté ” = les plus jeunes. Il y avait bien sûr ” le grand côté ” qu’occupaient les aînés âgés de 4 ans. C’est grâce à madame Marie-Louise que j’ai appris à suivre les injonctions nécessaires à une vie de groupe. Ma dernière classe maternelle s’est déroulée chez mademoiselle Cécilia. On était les grands…

L’année scolaire suivante, j’allais passer de l’autre côté du “grand mur”. À l’époque, la mixité n’existait pas sauf pour les enfants de maternelle. Quels changements ! En récréation, nous devions partager la cour notamment avec des garçons de 5 à 6 ans nos aînés. Les bousculades entre nous faisaient parfois appel à des soins prodigués par un des trois enseignants formant le corps professoral des garçons composé de madame Hendrix pour les 1 ère et 2 ème années, monsieur Crohain pour les 3 ème et 4 ème années et monsieur Marcel Degré pour les 5 ème et 6 ème années. Du côté des filles, madame Dumont institutrice en 1 ère et 2 ème années, mademoiselle Laure en 3 ème année, madame Paula en 4 ème année et soeur Angèle en 5 ème et 6 ème années assuraient tous les savoirs aux filles.

Les bâtiments ont connu quelques changements pendant ma formation primaire. Le plus impressionnant fut pour moi la construction d’un deuxième étage où se situaient les classes des garçons (bâtiment se trouvant aujourd’hui face à l’entrée principale de l’école au fond de la cour). Le rez-de-chaussée était occupé par les élèves de monsieur Marcel Degré, le premier étage était occupé par la classe de madame Hendrix et la classe de monsieur Crohain. Une cloison séparait les deux classes. Grâce à cette transformation du bâtiment les enfants ont obtenu plus d’espace, et plus d’indépendance pour monsieur Crohain. Qui décidait des travaux ? Le pouvoir organisateur composé de gens du Roeulx volontaires et défenseurs de l’enseignement catholique. En tant qu’élève, les présidents de PO que j’ai connus sont monsieur Carton de Wiart et monsieur Buchet. Affaire à suivre…

Patrick Renaux

A la découverte des villages formant notre belle Entité : Gottignies

Un cadre enchanteur

Gottignies est un village bien connu par les promeneurs, les peintres et les amis de la nature. Formé par de jolis vallons et de nombreuses terres agricoles, le village de Gottignies offre à ses habitants la vallée de la Wanze. C’est sans doute cette sympathique vallée qui constitue l’une des plus belles et des plus pittoresques vues et promenades que l’on connaisse dans le Centre.

L’origine du nom

La plus probable des origines du nom : Gottignies remonte au premier seigneur franc qui a occupé l’endroit : Gott ou Gotton ou Gottelhon. La terminaison : “ignies” implique l’idée de demeure, de possession. Mais l’occupation des terres par des êtres humains remonte à la préhistoire. Des objets comme des silex taillés pour en confectionner des outils ont été découverts par Jules Monnoyer, historien et archéologue. On a aussi découvert à une époque inconnue un caveau de pierres grises et une urne contenant de la monnaie romaine. Dans un document officiel, la première orthographe ” Gotignies” apparaît au 12e siècle. Tout en désignant ” les mêmes terres” l’orthographe change d’un siècle à l’autre : Gotegnies au 13e siècle, Ghottignies au 15e , Gothygnies au 16e, Gottegnies au 17e …

Un illustre passé pour quelques seigneurs de Gottignies

Gottignies faisait partie de la terre du Roeulx, mais le comte du Hainaut y avait conservé plusieurs biens. Les seigneurs de l’un de ses fiefs, celui de la Haye, ont eu un passé remarqué et remarquable. Gilles de Gottignies commandait en 1418 la cavalerie de Jean-sans-Peur. Lancelot III de Gottignies fut bourgmestre de Malines ainsi que ses 2 fils (16e siècle). Auguste de Gottignies, seigneur de la Haye, fut secrétaire du Conseil privé des Pays-Bas et fait chevalier le 27 septembre 1623. Ignace de Gottignies reçut le titre de baron du Saint Empire en 1658. Lancelot-François de Gottignies a obtenu le titre de baron le 26 mai 1725 valable pour ses descendants, en considération de son ancienne noblesse et en remerciement des services rendus par ses ancêtres.

Quelques industries de ces derniers siècles

Deux établissements de céramique produisaient des tuyaux de drainage, des tuiles, des carreaux et des pots à fleurs. Il y eut une brasserie abandonnée vers 1920 par suite de faillite, un moulin à vent abandonné en 1912 et démoli en 1914, un moulin à eau sur la Wanze incendié en 1889, 3 forges de maréchaux, 2 charrons. On essaya d’exploiter aussi le charbon qui affleurait à certains endroits. Une lente progression au niveau de l’agriculture… Dans une chronique de 1850, on constate : “Les récoltes consistent en froment, seigle, orge, avoine, trèfle, pommes de terre. On cultive peu de plantes oléagineuses. Les prairies ne donnent qu’un foin d’une médiocre qualité; mais il y a de gras pâturages, clos de haies; ils avoisinent les fermes dont ils dépendent. La plupart des habitations sont entourées de jardins potagers dans lesquels on soigne les légumes et arbres fruitiers. On y trouve quelques houblonnières. Le pommier, le poirier et le noyer prospèrent dans les vergers”. Une lente évolution se fit dès la fin de la première guerre mondiale. Ce n’est qu’au début du 20e siècle qu’une transformation remarquable se produisit. Les petits exploitants dont la relève n’était pas assurée, cédèrent leurs terrains aux plus grandes exploitations. Les engrais chimiques furent employés à plus fortes doses et la mécanisation s’amplifia.

Après avoir fait le tour des communes formant l’Entité du Roeulx, j’espère avoir soulevé le voile d’une petite partie de “nos origines”. C’est avec grand plaisir que j’ai répondu aux souhaits des “nouveaux” Rhodiens qui connaissaient peu ou pas la petite histoire de notre entité.

Patrick Renaux

(Ouvrages consultés : Le Centre, édité par la Chambre de commerce et d’Industrie du Centre. La Louvière – Belgique 1930. Le Roeulx, Syndicat d’Initiative 1980.)

A la découverte des villages formant notre belle Entité : Thieu (suite)

Le nouveau canal : plus que des grincements de dents

Les différents auteurs de la brochure “Le Roeulx” éditée par le Syndicat d’Initiative en 1980 voient l’avenir de Thieu bouleversé et s’interrogent sur le sort de ses habitants. Voici ce qu’ils en disent : “Le canal, dont on parle depuis près de 20 ans, dont les projets varient au gré des idées des responsables du moment, plonge notre population dans une incertitude constante et empoisonne notre vie familiale. Pour réaliser ce gigantesque travail, des expropriations en masse seront nécessaires. Pour l’heure, rien n’est encore décidé, mais cette menace pèse lourd sur le mode de vie de chaque habitant. Que deviendront les expropriés? Où seront-ils relogés? Pour les vieux propriétaires qui envisageaient de finir tranquillement leur vie dans la maison familiale, il s’agit d’une situation quasi mortelle, que de drames, que de larmes…”

Après l’effort, le réconfort

Au bout de ces longs travaux, on voit poindre le majestueux ascenseur de Thieu qui est une oeuvre d’art faisant partie du patrimoine industriel mondialement connu. Mais la construction de l’ascenseur funiculaire ne fut pas un long fleuve tranquille. De nombreux événements ont retardé les travaux. En 1980, le Ministère des Travaux publics privilégie la pente d’eau plutôt que l’ascenseur à bateaux. La résistance de l’ouvrage d’art aux sollicitations sismiques est également au coeur des études mais ne présente pas une condition déterminante jusqu’à ce que survienne le tremblement de terre de Liège, le 8 novembre 1983. Pour calculer les nouvelles valeurs, des études sont confiées à l’Université de Liège et à l’Université libre de Bruxelles. Leurs résultats seront connus au terme de 18 mois de recherches. Le financement est également une des causes de retards…

Des essais prometteurs

Le 17 juin 1997, l’un des bacs de l’ascenseur funiculaire s’élève pour la première fois depuis le début des travaux. Cette première
ascension qui a lieu dans la discrétion, loin des caméras et du public sera couronnée de succès. Le 6 novembre 2001 en matinée, un second mouvement de bac sera organisé. Cette démonstration est réalisée en présence du vice-président du Gouvernement wallon et Ministre de l’Equipement et des Transports, Michel Daerden, des resposables du MET et des représentants locaux. Après la fermeture des portes et la disjonction avec celle du bief, la péniche est hissée à une vitesse de 20 cm par seconde au niveau du bief amont, c’est-à-dire 73,15 m plus haut. Un spectacle impressionnant qui dure 6 minutes. Le franchissement complet de l’ascenseur funiculaire prend plus ou moins 40 minutes. Une bagatelle si l’on sait que la même opération pour franchir quatre ascenseurs hydrauliques, quatre ponts mobiles et une écluse sur le canal du Centre historique demande approximativement cinq heures de navigation.

Le jour de gloire pour l’ascenseur de Strépy-Thieu

Le 2 septembre 2002, une marée humaine s’est amassée au pied du géant, chacun voulant participer à l’événement tant attendu : l’ascension officielle de la première péniche ! L’embarcation de 80 m de long est amarrée depuis plusieurs jours avec à son bord un chargement de 1250 tonnes de ciment embarqué aux installations Holcim à Obourg à destination de la région anversoise. Après un discours inaugural, José Daras, Ministre wallon des Transports et de l’Energie, entouré de messieurs Willy Taminiaux, Bourgmestre de La Louvière, et Albert Tesain, Bourgmestre du Roeulx, coupe le ruban de la nouvelle voie d’eau à grand gabarit.

Aujourd’hui, les ascenseurs de Thieu sont visités chaque jour par des touristes qui apprécient des techniques diverses à des époques différentes : la force de l’eau d’un côté, et les cables et les contrepoids de l’autre. Ces deux façons de faire sont la preuve d’un savoir-faire exceptionnel. A voir ou à revoir !

Patrick Renaux

(Ouvrages consultés : Le Roeulx, Syndicat d’Initiative 1980 / Michel Maigre, Le canal du Centre à 1350 tonnes)

À la découverte de nos villages formant notre belle entité : Thieu

L’origine du nom

Dans des documents officiels, les historiens voient sous différentes écritures la désignation de Thieu : Tyer en 1119 dans une charte pour l’abbaye de St Denis, Thyer en 1165 dans une chronique de Bonne-Espérance, Thier en 1305 dans un cartulaire de St Denis et en 1473 Thieu dans un cartulaire des Paieries du Hainaut. Thier signifie en son temps colline, éminence. C’est ainsi que l’on peut lire : Thieu est un village niché au fond d’une vallée bordée de collines qui le protègent et lui ont donné son nom.

Une richesse du sol bien exploitée

Craie, sable et houille ont fait le bonheur des familles thiéroises. Pendant deux siècles, la houille fit la fortune de quelques-uns et procura du travail aux habitants de Thieu mais aussi à toute personne qui acceptait de travailler dans des conditions souvent difficiles. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le charbon était exploité en surface. Fin du XIXe siècle, la Société des Mines de Bracquegnies obtint le droit de concession et racheta les parts de la Société des Charbonnages de Thieu, Ville-sur-Haine et Gottignies. En 1908, la Société des Charbonnages de Strépy-Bracquegnies creusa le puits Saint-Henri. En 1914, c’est la catastrophe pour les mines : coup d’eau dans le charbonnage. Onze personnes trouvent la mort. En même temps, on constate des dégâts en surface : maisons fissurées, affaissement des terrains… Malgré ces événements, les travaux reprirent et le charbonnage connut même un essor considérable. En 1938, 800 ouvriers y travaillaient encore. En 1958, on assista à la fermeture du puits. La dénomination des lieux nous indique la présence des richesses du sol. “Le champ des Chaufours” permet d’écrire que l’agriculture locale a exploité la marne affleurante pendant de nombreuses années pour fabriquer de la chaux servant à l’amendement des terres mais aussi à la fabrication des mortiers et le blanchiment des maisons. Le sable de la Maladrée a notamment servi à l’industrie verrière. La craie,autre richesse du sol thiérois, a bien été exploitée. En effet le 21 février 1921, la Société Anonyme des Ciments de Thieu fut fondée. Le premier four fut mis en marche en septembre 1922. La carrière de craie se situait au champ des Prés.
L’usine occupa jusqu’à 200 ouvriers et employés. La production journalière atteignit 500 tonnes. Début des années 50, la rentabilité se dégrada faute notamment aux administrateurs qui n’ont pas suivi les progrès techniques. L’usine fut alors reprise par le groupe important des Ciments d’Obourg devenu aujourd’hui Holcim. Actuellement Thieu ne compte plus d’activités au niveau de cette industrie qui a participé à sa prospérité.

Le Canal du Centre et Thieu

A la suite de nombreuses requêtes introduites par le monde économique, industriel…, le gouvernement décida la construction du Canal du Centre reliant Mons à la branche existante de Houdeng-Goegnies. Les premiers travaux commencèrent en 1882. La fin des travaux était prévue pour la fin de l’année 1914. La guerre freina l’ampleur des travaux mais l’autorité allemande comprit l’utilité du canal aussi bien pour l’industrie que pour la stratégie guerrière. En novembre 1917, les premiers bateaux faisaient la jonction entre le canal de Mons à Condé et celui de Charleroi. Après la guerre, les ascenseurs furent achevés. Le Canal du Centre connut alors une expansion maximale de trafic. Après la deuxième guerre mondiale, le réseau belge des voies navigables, durement éprouvé par quatre années de combats, dut être révisé au vu d’un ensemble de voies navigables européen. C’est ainsi que de nombreux changements furent envisagés pour atteindre la norme européenne de 1350 T. Commencée en 1963, la modernisation des voies navigables s’achève en août 2002 avec l’ouverture à la navigation de l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu. Ce mois de septembre 2022, on fêtera dignement les 20 ans de cet ouvrage gigantesque connu à travers le monde. Dans le prochain bulletin communal, je vous donnerai quelques précisions à propos de ce “monument” qui a changé totalement la structure de Thieu.

(ouvrages consultés : Le Roeulx, syndicat d’initiative 1980 ; Carnets du Patrimoine, Le canal du Centre à 1350 tonnes de Michel Maigre.)

Patrick Renaux

À la découverte des villages formant notre belle Entité : Mignault

Mignault, village entouré de verdure…

En 1930, le village de Mignault était décrit comme «une vraie oasis de verdure, assise entre le pays du charbon et celui de la pierre…elle est joliment bordée de forêts : le bois royal de Courrières, le bois Notre-Dame de Houdeng, les bois de l’Enfer et de Naast.»

Le passé lointain de ce village…

L’archéologue Emile de Munck trouva des armes, des haches, des pointes, des racloirs, des marteaux, etc. taillés dans des silex originaires de Spiennes. La découverte de poteries confirme la présence d’individus aux époques gauloises et gallo-romaines.

Dans un texte officiel, un testament daté de 661, «l’existence» de Mignault apparaît. Sainte Aldegonde lègue «Miniacum villam cum ecclesia» c’est-à-dire «Mignault avec son église» à un monastère de Maubeuge.

Mignault, une commune essentiellement agricole…

De nombreuses fermes, souvent avec un passé élogieux, ont marqué l’histoire locale et même plus… : la ferme du Petit-Strépy, la ferme Delcourt, la ferme Delhove, la ferme de Cantraine, la ferme de Soumiaux, la ferme d’Houbrouge… Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le village conserva son mode de vie traditionnel. Les habitants trouvaient la plupart de leurs subsistances sur place.

Début du XIXe siècle, on comptait notamment une tannerie, une brasserie, une tonnellerie, une corderie, une fabrique de chicorée.

On y filait la laine à domicile, ainsi que le lin dont on tissait la toile pour la revente ou pour l’usage du ménage. En 1824 sont répertoriés 15 tisserands et 160 fileuses, 12 cabaretiers, 6 boutiquiers, 3 maréchaux-ferrants, 1 charron, 2 meuniers, 1 bourrelier, 1 boucher, 1 tailleur, 1 couturière, 1 tonnelier, 1 cordonnier, 3 sabotiers et 12 bûcherons. En 1905, le nombre de cabaretiers était passé à 42, celui des boutiquiers à 16.

L’enseignement à Mignault

Comme dans beaucoup de petites communes, le clerc cumulait ses fonctions avec celle d’instituteur. Augustin Jonart, clerc, tint l’école jusqu’en 1817 dans une pièce de son habitation. Son fils lui succéda. À cette époque, la rétribution de l’enseignant était assurée par un traitement fixe de la commune, une allocation du bureau de bienfaisance et les rémunérations des «élèves payants». En 1861, une école communale fut construite. En 1866, à la demande de l’Administration communale, la comtesse Emerence de Boudry fit construire une école pour filles sur un terrain qui lui appartenait à Mignault. En 1892, on appropria un bâtiment ayant servi de grange. Au début de l’existence de cette école, une rétribution était demandée aux élèves. Celles dont les parents étaient solvables payaient 1,25 f par mois, les autres 0,6 f.

La tour de l’église, un joyau pour le patrimoine local

L’emplacement de l’église, aussi ancien que le village, remonte au VIIe siècle. Le clocher de l’édifice actuel date de 1518 et est de style gothique. Le portail est surmonté d’une sculpture représentant la charité de saint Martin, avec un écusson des armes de Pierre Joly, abbé de Saint- Feuillien.

De nos jours, plus sensibles à la nature, au bon air et à la tranquillité, la plupart des gens dirigent leur choix de résidence vers
des villages comme Mignault proches d’axes routiers importants. C’est pourquoi on a vu s’élever de nombreuses habitations à
travers tout le village tout au long de ces 25 dernières années.

(ouvrages consultés : Le Centre, édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Centre, 1930 ; Le Roeulx, édité par le
Syndicat d’Initiative, 1980)

Patrick Renaux

À la découverte des villages formant notre belle entité : Belles histoires de deux chapelles à Ville-sur-Haine

À Ville-sur-Haine, deux chapelles ont réussi longtemps à émouvoir une population attachée aux phénomènes extraordinaires et aux légendes. La plus connue des chapelles est sans nul doute la chapelle «Notre Dame de Creuse».

D’après la légende…

«Par une chaude journée d’été, un berger s’en est allé faire paître son troupeau dans les «Riveaux des Creuses». En ces lieux, un mince filet d’eau jaillissait des entrailles de la terre et le berger, voulant laisser boire son troupeau, plongea sa houlette dans la vase afin de donner plus d’aisance à l’écoulement de l’eau. Il rencontra un objet résistant qu’il dégagea. C’était une statuette en bois de la Vierge. Emu par cette découverte, il porta la statuette à l’église paroissiale. Mais au grand étonnement de tous les villageois, le lendemain, la statuette était disparue; elle était retournée près de la source. Ce manège, paraît-il, recommença trois fois. Le village fut mis en émoi…» Lors de la découverte de la statue, on construisit un piédestal pour rappeler ces événements «miraculeux». En 1820, un vacher renversa le piédestal. C’est à la suite de cet acte de malveillance que l’on érigea une chapelle digne de ce nom. La construction fut bénie le jour de l’Ascension de la même année. On s’y rendit en pèlerinage pour y invoquer «Notre Dame de Creuse» contre les fièvres malignes. Avec le temps, cet édifice se détériora. C’est ainsi qu’en 1912, la chapelle dut être reconstruite. Début des années 90, un architecte originaire de Ville-sur-Haine : Philippe L’Hoir livra tout son art et son respect pour Notre Dame de Creuse en construisant une structure moderne et un aménagement de terrain pour les visiteurs. L’inauguration officielle eut lieu le huit décembre 1991 ( 30 ans déjà ). Croyants ou non-croyants se succèdent à la chapelle pour prier et s’abreuver… ou faire quelques réserves d’eau grâce à leurs cubitainers.

Une chapelle moins connue mais rappelant de grands faits de guerre : La chapelle des Tombeaux

En 1070, à la mort de Bauduin dit «de Mons» comte de Flandre et de Hainaut, les partages furent traités de la manière suivante : le fils aîné : Arnould hérita du comté de Flandre sous la tutelle de son oncle Robert le Frison et Bauduin II reçut le Hainaut dont Richilde, sa mère, conserva la régence. Ambitieux, vaniteux, Robert le Frison profita de la minorité de son neveu pour lui extorquer ses Etats. Lors de combats sanglants, Arnould fut traîtreusement assassiné par un de ses chevaliers. Sa succession passant de plein droit à son frère Bauduin II. Mais cela ne freina pas les idées de grandeur et de possession de Robert le Frison. Sans ressources, Richilde, comtesse de Hainaut, eut recours au prince évêque de Liège, moyennant inféodation du Hainaut à la Principauté de Liège. Richilde allait envahir la Flandre lorsque le Frison fondit à l’improviste sur le Hainaut. La bataille s’engagea entre les campagnes de St-Denis, Gottignies, Le Roeulx et Ville-sur-Haine. Les armées de Richilde durent se replier mais la Haine et une colline abrupte recouverte d’un bois leur coupèrent la route. Une légende raconte que les eaux de la Haine furent ensanglantées pendant trois jours. Richilde éleva sur le lieu de son désastre une chapelle. Ce monument commémoratif serait la chapelle des Tombeaux qui fut de nombreuses fois reconstruite.

Photo Dimitri Deblander

En visitant notre belle entité, nous pouvons nous enrichir de belles histoires, de belles légendes et ainsi nous inciter à mieux connaître notre milieu pour lequel on dit toujours : «Heureux au Roeulx».

(Ouvrages consultés : Le Roeulx, édité par le syndicat d’initiative, 1980. Ville-sur-Haine village plus que millénaire. Max Flament.)

Patrick Renaux

Il était une fois au Roeulx…

Le Centre culturel, l’Office du Tourisme et plusieurs citoyens rhodiens s’associent pour lancer un nouveau projet visant à remettre en valeur, le temps d’un week-end, diverses archives locales sous forme d’exposition, activités, reconstitutions, conférences et témoignages. Cet événement se tiendra annuellement avec, à chaque fois, un thème différent.

Le chapitre 1 : les écoles

La première édition d’ « Il était une fois au Roeulx… » aura lieu le week-end des 24 et 25 septembre 2022 au Centre culturel, et aura pour thème « Les écoles », vaste sujet universel qui touche toutes les générations.

Nous retracerons la vie scolaire d’antan dans l’entité rhodienne, par le biais d’expositions et d’animations, le tout accompagné de moments d’échanges entre personnes à propos de leurs souvenirs d’école, leur enfance, des anecdotes, des personnages emblématiques…
Cet esprit « retrouvailles » sera central lors de ces rencontres.

APPEL AUX CITOYENS : archives scolaires locales

Un appel est donc lancé auprès de vous, anciens élèves et instituteur(trice)s de nos écoles rhodiennes, pour faire sortir de la poussière, et de vos greniers, vos archives (images, objets, affiches, articles de journaux, livres, etc.) en lien avec l’Histoire des écoles de notre entité. Ces petites merveilles de notre passé scolaire local seront récoltées, scannées et compilées pour être mises en valeur les 24 et 25 septembre 2022 au Centre culturel.
Nous sommes principalement à la recherche de sources historiques issues du 20e siècle.

Vous avez des sources et des objets d’époques dont vous voudriez nous parler ? Contactez-nous à l’adresse archives@leroeulxsouvenirs.be ou au 064/66.52.39.

Nous vous remercions d’ores et déjà pour votre collaboration à ce beau projet.

À la découverte des villages formant notre belle Entité : Ville-sur-Haine

Du Roeulx (ville princière), on en parle beaucoup… et sans doute pas assez des villages qui forment toute l’Entité. Et pourtant,  leur histoire est aussi intéressante à plus d’un titre. Que disent les historiens locaux à propos de Ville-sur-Haine ?

Ils sont tous d’accord pour nous signaler que Ville-sur-Haine est l’un des plus anciens villages des environs du Roeulx. De nombreuses preuves en attestent. Les traces de l’existence de l’homme remontent à l’époque paléolithique. Des fragments de haches polies ont été recueillis sur les champs près de la rue des Enhauts.

En 1880, on découvrit dans le jardin du château Monoyer une énorme pierre : sans doute un menhir (en venant du Roeulx, au début du village : côté droit, une grosse maison bourgeoise). Selon certains historiens, Madame Monoyer était disposée à faire don à l’Etat de la partie du terrain nécessaire pour la présentation du monument historique. En 1864, l’archéologue de Munck suggéra le redressement du menhir au Ministre de l’Intérieur. Des années plus tard, le ministre Burlet écrivit : «Des mesures seront prises pour que ce monument devienne la propriété de l’Etat et pour que sa conservation soit assurée.» Aucune suite ne fut donnée. Madame Monoyer fit clôturer sa propriété tout en veillant bien à ce que les maçons prennent toutes les précautions nécessaires pour qu’au cours de la construction du mur d’enceinte, le monument ne subisse aucune détérioration.

Fin du XIXe siècle lors de la construction du canal du Centre, des terrassiers ont déterré deux urnes et des pièces de monnaie de l’époque romaine. Les historiens sont unanimes pour nous apprendre qu’une villa belgo-romaine de plus ou moins d’importance a été érigée au troisième siècle. La villa comprenait une maison de plaisance où résidait le maître, puis une exploitation agricole accompagnée d’ateliers pour tous les corps de métiers. De cette villa, probablement située au bord de la Haine, il ne reste pas la moindre trace; seul le nom de la localité née de ses ruines, en rappelle le lointain souvenir.

Longtemps, l’agriculture a fait la richesse de Ville-sur-Haine, puis sont venus s’ajouter les fours à chaux pour la cuisson de la roche crétacée qui affleure à plus d’un endroit. On fit au lieu-dit «La Brulotte» des travaux pour la recherche du charbon de terre vers 1835 – 1840. Une sucrerie a été mise en activité vers 1870 et une cimenterie en 1885. Ces industries tinrent plus ou moins deux décennies et furent remplacées par une gobeleterie en 1908. En 1930, cette industrie occupait environ 250 ouvriers et ouvrières et 15 employés. Après la deuxième guerre mondiale, la verrerie connut un développement et une prospérité croissante pour acquérir une bonne situation sur le marché belge et européen. Dans les années 60, la verrerie d’Havré-Ville occupait 500 ouvriers. L’attirance des industries vers Ville-sur-Haine provenait sans aucun doute de la présence du canal et du chemin de fer. ( La gare d’ «Havré-Ville» fut inaugurée en 1851.)

En 1913, les fondations de la Centrale électrique sortirent de terre. Grâce à toutes ces activités industrielles, les maisons se multiplièrent et le commerce local fut florissant.

Aujourd’hui, on peut dire que Ville-sur-Haine est un village calme ne comptant plus d’industries mais garde une grande fierté des quelques monuments qui rappellent une partie de l’histoire locale.

Prochainement, je sélectionnerai quelques monuments incontournables avec leur histoire.

Patrick Renaux

Documents consultés : «Royaume de Belgique Le Centre» (édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Centre 1930 ),
«Le Roeulx» (édité par le Syndicat d’Initiative 1980), «Ville-sur-Haine, village plus que millénaire» (de Max Flament).

Dessin de l’artiste louviérois Fernand Liénaux

Un air de banqueroute au Roeulx…

En cette période, on prend de bonnes résolutions pour l’année. On projette… on offre des cadeaux… on donne des dringuelles aux plus jeunes. Après la tournée des bons voeux, on additionne les petits sous des enfants et on les apporte à la banque. Oui, mais quelle banque ?

Dans le temps, on avait le choix au Roeulx. La rue Emile Vandervelde regorgeait de banques : La Société Générale, Le Crédit Communal (devenu Belfius), Axa, Le Crédit Agricole (devenu Crelan), Le Crédit à l’Industrie (S.N.C.I.). Face à cette rue, à la place du Château, je peux encore citer : La B.B. (Banque de Bruxelles) ensuite appelée B.B.L. (fusion avec la Banque Lambert) pour devenir aujourd’hui ING (Internationale Nederlandse Group). I.N.G. a déménagé dernièrement ses bureaux à la chaussée d’Houdeng. Sur la place communale, une agence C.G.E.R. s’était installée dans les années 80.

Au début de ma carrière d’instituteur, comme tous mes collègues, je récoltais chaque semaine les petites économies des enfants dont les parents voulaient constituer un petit bas de laine pour leur enfant. En plus de mon travail d’enseignant, je devenais pendant quelques minutes banquier pour La Caisse d’Epargne. L’argent devait couler à flot au Roeulx pour avoir autant de banques!

En 2022, comme les bistrots, les banques se font rares! Grâce à l’épouse de Max Livin, banquier à la S.N.C.I. , je peux remonter le temps…

En 1971, le Crédit à l’Industrie achète le magasin “Lion Delhaize” situé au coin de la place de la Chapelle et de la rue Emile Vandervelde. Max et sa famille sont venus demeurer au Roeulx, le 30 août 1972. Max Livin a débuté comme indépendant et seul. Il était chargé de créer une nouvelle clientèle. Il lui était demandé à cette époque de récolter de l’argent sous forme de bons de caisse et en livret de dépôts pour la C.G.E.R.

Dans les années 80, une agence C.G.E.R. est venue s’installer. Max ne pouvait plus travailler pour la C.G.E.R.. Il a dû cravacher pour récupérer une clientèle qui risquait de le quitter pour cette nouvelle agence.

En 1990, Corinne ( sa fille) est venue travailler à 3 / 4 temps jusqu’au premier décembre 1996. C’est aussi au début des années 90 que la plupart des banques étaient équipées d’ordinateurs.

Mais avant l’ordi comment cela se passait-il dans les bureaux ? Gérard Tranoit nous raconte… En 1980, j’ai intégré l’agence B.B.L. place du Château au Roeulx. Nous étions 4 à y travailler : le gérant, un démarcheur et 2 caissiers. Nous étions enfermés dans un espace en verre entouré de vitres “anti-balles” (sécurité oblige). Dès le matin, avant l’ouverture, nous devions classer les extraits de compte des clients, lire et classer les notes instructives, répartir les fonds dans les compartiments sécurisés et essayer l’alarme sonore. Toutes les opérations étaient manuellement inscrites sur un chiffrier “Francs Belges” et un chiffrier “Monnaies Etrangères”. Le calcul de la conversion des devises en F.B. se faisait au moyen d’une calculatrice appelée “moulin” parce qu’elle fonctionnait avec l’aide d’une manivelle et de plusieurs curseurs. A l’ouverture de l’agence (9 heures), les clients venaient faire leurs opérations. Nous devions privilégier certains produits : notamment les placements et les cartes Bankomat (précurseur du Bancontact). A la fermeture de la banque (16h00), nous devions convertir les opérations en devises, en francs belges, incorporer dans les chiffriers F.B., calculer les débits et crédits, relever les encaisses différentes en espérant que tout allait tomber juste… Il fallait ensuite tout remettre en sécurité dans la salle des coffres…

A cette époque, les liens entre clients et banquiers étaient fréquents, forts et presqu’intimes … Actuellement, les relations se font entre clients et machines. Les files se forment auprès des distributeurs de billets qui deviendront de plus en plus rares… La carte bancaire a remplacé le gros portefeuille… L’évolution est là! Il faut la suivre. Mais cela ne fait pas que des heureux!

                                                                                   Patrick Renaux

Mais où est donc passée l’abbaye St Feuillien ?

Dans le parc du château, tout simplement.

Malheureusement, il n’en reste rien. Quelques vestiges sous une folle végétation témoignent de l’existence de l’abbaye. Certaines constructions ont été érigées à l’emplacement même de tout un ensemble utile à la vie quotidienne des moines.

Dans mon article précédent, je vous rappelais qu’une chapelle avait été construite à l’endroit où avaient été exécutés Feuillien et ses compagnons de voyage. Pendant plusieurs siècles, la chapelle fut démolie et reconstruite jusqu’au jour où…début du XII ème siècle, les jeunes religieux fossois manifestèrent leur intention de renouer avec les traditions des premiers chrétiens. Une grande majorité de leurs confrères s’y opposait farouchement. Pour mettre fin à cette tension, l’assemblée du chapitre décida de détacher les chanoines progressistes dans un de leurs domaines, à l’endroit même où Feuillien avait subi son martyre.

La date officielle de la fondation de l’abbaye est 1125. C’était une communauté de Prémontrés. Cela signifie que les religieux devaient se soumettre à des règles strictes. Elle imposait non seulement le respect de la vie en commun et de la pauvreté individuelle mais également le travail manuel ainsi que leur participation assidue aux chants et aux offices de jour comme de nuit. À cela s’ajoutaient un jeune sévère, une abstinence complète de viande et le silence perpétuel. L’abbaye fut durant près de sept siècles, en plus d’un lieu de spiritualité, le poumon économique et culturel de la région.

Ces deux dernières décennies, les liens ancestraux entre Fosses-la-Ville et Le Roeulx ont été réanimés par les deux confréries. En effet, les confréries St Feuillien de Fosses et du Roeulx entretiennent des contacts réguliers notamment lors de leur grand chapitre mais aussi dans des démarches et recherches historiques. Les confrères historiens fossois et rhodiens élaborent des conférences qui cimentent les deux communautés défendant leur patrimoine local. En évoquant la confrérie St Feuillien du Roeulx, c’est pour moi l’occasion de vous apprendre ou rappeler qu’elle vient de fêter ses 30 ans d’existence. La date officielle de la formation de la confrérie est le 19 octobre 1991. A cette date, 14 amis : Benoît Friart, Robert Buchet, Jean Burrion,Emmanuel Delhove, Guy Delrée, Jules Desmarets, Claude Duray, François Goret, Bernard Haenecour, Albert Landercy, Henri Lecomte, Joseph Marlier, Jacques Savoie et Jacques Semenowski lurent la charte devant un public curieux et conquis. En voici le texte :

« …Nous soussignés (noms des confrères)
Tous ayant le privilège de demeurer en la bonne ville du Roeulx
Tous souhaitant développer les liens d’amitié entre Rhodiens
Tous garants des vénérables traditions de notre cité
Tous chantres des bières de l’abbaye St Feuillien
en et hors les murs de la ville du Roeulx
PROCLAMONS
la constitution de la confrérie St Feuillien
et professsons tous
d’en être les fidèles et loyaux serviteurs
Ci-acté près le brassin de St Feuillien.»

Après cette lecture, je vous permets de vous désaltérer en pensant à notre bon saint !

Patrick Renaux