A la découverte des villages formant notre belle Entité : Thieu (suite)

Le nouveau canal : plus que des grincements de dents

Les différents auteurs de la brochure “Le Roeulx” éditée par le Syndicat d’Initiative en 1980 voient l’avenir de Thieu bouleversé et s’interrogent sur le sort de ses habitants. Voici ce qu’ils en disent : “Le canal, dont on parle depuis près de 20 ans, dont les projets varient au gré des idées des responsables du moment, plonge notre population dans une incertitude constante et empoisonne notre vie familiale. Pour réaliser ce gigantesque travail, des expropriations en masse seront nécessaires. Pour l’heure, rien n’est encore décidé, mais cette menace pèse lourd sur le mode de vie de chaque habitant. Que deviendront les expropriés? Où seront-ils relogés? Pour les vieux propriétaires qui envisageaient de finir tranquillement leur vie dans la maison familiale, il s’agit d’une situation quasi mortelle, que de drames, que de larmes…”

Après l’effort, le réconfort

Au bout de ces longs travaux, on voit poindre le majestueux ascenseur de Thieu qui est une oeuvre d’art faisant partie du patrimoine industriel mondialement connu. Mais la construction de l’ascenseur funiculaire ne fut pas un long fleuve tranquille. De nombreux événements ont retardé les travaux. En 1980, le Ministère des Travaux publics privilégie la pente d’eau plutôt que l’ascenseur à bateaux. La résistance de l’ouvrage d’art aux sollicitations sismiques est également au coeur des études mais ne présente pas une condition déterminante jusqu’à ce que survienne le tremblement de terre de Liège, le 8 novembre 1983. Pour calculer les nouvelles valeurs, des études sont confiées à l’Université de Liège et à l’Université libre de Bruxelles. Leurs résultats seront connus au terme de 18 mois de recherches. Le financement est également une des causes de retards…

Des essais prometteurs

Le 17 juin 1997, l’un des bacs de l’ascenseur funiculaire s’élève pour la première fois depuis le début des travaux. Cette première
ascension qui a lieu dans la discrétion, loin des caméras et du public sera couronnée de succès. Le 6 novembre 2001 en matinée, un second mouvement de bac sera organisé. Cette démonstration est réalisée en présence du vice-président du Gouvernement wallon et Ministre de l’Equipement et des Transports, Michel Daerden, des resposables du MET et des représentants locaux. Après la fermeture des portes et la disjonction avec celle du bief, la péniche est hissée à une vitesse de 20 cm par seconde au niveau du bief amont, c’est-à-dire 73,15 m plus haut. Un spectacle impressionnant qui dure 6 minutes. Le franchissement complet de l’ascenseur funiculaire prend plus ou moins 40 minutes. Une bagatelle si l’on sait que la même opération pour franchir quatre ascenseurs hydrauliques, quatre ponts mobiles et une écluse sur le canal du Centre historique demande approximativement cinq heures de navigation.

Le jour de gloire pour l’ascenseur de Strépy-Thieu

Le 2 septembre 2002, une marée humaine s’est amassée au pied du géant, chacun voulant participer à l’événement tant attendu : l’ascension officielle de la première péniche ! L’embarcation de 80 m de long est amarrée depuis plusieurs jours avec à son bord un chargement de 1250 tonnes de ciment embarqué aux installations Holcim à Obourg à destination de la région anversoise. Après un discours inaugural, José Daras, Ministre wallon des Transports et de l’Energie, entouré de messieurs Willy Taminiaux, Bourgmestre de La Louvière, et Albert Tesain, Bourgmestre du Roeulx, coupe le ruban de la nouvelle voie d’eau à grand gabarit.

Aujourd’hui, les ascenseurs de Thieu sont visités chaque jour par des touristes qui apprécient des techniques diverses à des époques différentes : la force de l’eau d’un côté, et les cables et les contrepoids de l’autre. Ces deux façons de faire sont la preuve d’un savoir-faire exceptionnel. A voir ou à revoir !

Patrick Renaux

(Ouvrages consultés : Le Roeulx, Syndicat d’Initiative 1980 / Michel Maigre, Le canal du Centre à 1350 tonnes)

À la découverte de nos villages formant notre belle entité : Thieu

L’origine du nom

Dans des documents officiels, les historiens voient sous différentes écritures la désignation de Thieu : Tyer en 1119 dans une charte pour l’abbaye de St Denis, Thyer en 1165 dans une chronique de Bonne-Espérance, Thier en 1305 dans un cartulaire de St Denis et en 1473 Thieu dans un cartulaire des Paieries du Hainaut. Thier signifie en son temps colline, éminence. C’est ainsi que l’on peut lire : Thieu est un village niché au fond d’une vallée bordée de collines qui le protègent et lui ont donné son nom.

Une richesse du sol bien exploitée

Craie, sable et houille ont fait le bonheur des familles thiéroises. Pendant deux siècles, la houille fit la fortune de quelques-uns et procura du travail aux habitants de Thieu mais aussi à toute personne qui acceptait de travailler dans des conditions souvent difficiles. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le charbon était exploité en surface. Fin du XIXe siècle, la Société des Mines de Bracquegnies obtint le droit de concession et racheta les parts de la Société des Charbonnages de Thieu, Ville-sur-Haine et Gottignies. En 1908, la Société des Charbonnages de Strépy-Bracquegnies creusa le puits Saint-Henri. En 1914, c’est la catastrophe pour les mines : coup d’eau dans le charbonnage. Onze personnes trouvent la mort. En même temps, on constate des dégâts en surface : maisons fissurées, affaissement des terrains… Malgré ces événements, les travaux reprirent et le charbonnage connut même un essor considérable. En 1938, 800 ouvriers y travaillaient encore. En 1958, on assista à la fermeture du puits. La dénomination des lieux nous indique la présence des richesses du sol. “Le champ des Chaufours” permet d’écrire que l’agriculture locale a exploité la marne affleurante pendant de nombreuses années pour fabriquer de la chaux servant à l’amendement des terres mais aussi à la fabrication des mortiers et le blanchiment des maisons. Le sable de la Maladrée a notamment servi à l’industrie verrière. La craie,autre richesse du sol thiérois, a bien été exploitée. En effet le 21 février 1921, la Société Anonyme des Ciments de Thieu fut fondée. Le premier four fut mis en marche en septembre 1922. La carrière de craie se situait au champ des Prés.
L’usine occupa jusqu’à 200 ouvriers et employés. La production journalière atteignit 500 tonnes. Début des années 50, la rentabilité se dégrada faute notamment aux administrateurs qui n’ont pas suivi les progrès techniques. L’usine fut alors reprise par le groupe important des Ciments d’Obourg devenu aujourd’hui Holcim. Actuellement Thieu ne compte plus d’activités au niveau de cette industrie qui a participé à sa prospérité.

Le Canal du Centre et Thieu

A la suite de nombreuses requêtes introduites par le monde économique, industriel…, le gouvernement décida la construction du Canal du Centre reliant Mons à la branche existante de Houdeng-Goegnies. Les premiers travaux commencèrent en 1882. La fin des travaux était prévue pour la fin de l’année 1914. La guerre freina l’ampleur des travaux mais l’autorité allemande comprit l’utilité du canal aussi bien pour l’industrie que pour la stratégie guerrière. En novembre 1917, les premiers bateaux faisaient la jonction entre le canal de Mons à Condé et celui de Charleroi. Après la guerre, les ascenseurs furent achevés. Le Canal du Centre connut alors une expansion maximale de trafic. Après la deuxième guerre mondiale, le réseau belge des voies navigables, durement éprouvé par quatre années de combats, dut être révisé au vu d’un ensemble de voies navigables européen. C’est ainsi que de nombreux changements furent envisagés pour atteindre la norme européenne de 1350 T. Commencée en 1963, la modernisation des voies navigables s’achève en août 2002 avec l’ouverture à la navigation de l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu. Ce mois de septembre 2022, on fêtera dignement les 20 ans de cet ouvrage gigantesque connu à travers le monde. Dans le prochain bulletin communal, je vous donnerai quelques précisions à propos de ce “monument” qui a changé totalement la structure de Thieu.

(ouvrages consultés : Le Roeulx, syndicat d’initiative 1980 ; Carnets du Patrimoine, Le canal du Centre à 1350 tonnes de Michel Maigre.)

Patrick Renaux

Tous animés grâce aux Thirifous…

Thirifous, un nom sympa qui vient de deux mots : « Thier » ancien nom indiquant un des villages formant notre belle entité et fou(s) : pas besoin de l’expliquer puisqu’on l’est un peu tous à nos heures ! Cette fusion de mots est l’invention pure et simple de Marcel Kulawik. Un peu fou le Thiérois !

Cadrons le personnage pour bien comprendre l’origine des Thirifous

Après avoir suivi une formation en photographie, débutant dans la profession, Marcel Kulawik a installé son studio dans la première pièce de la maison du docteur Busellato juste en face du Delhaize actuel. Plus tard, il a repris une partie du commerce des Simon se situant à proximité de son studio. Bonbonnes de gaz, électroménager, tiercé… et photos, Marcel a vendu un peu de tout. Bien connu des gens du village, il a eu l’occasion de rencontrer de belles personnes, comme on dit.

Attirée par le plaisir du commerce, la fille de Marcel a choisi la gérance du « Café du Monument » (actuellement la boulangerie Pain di Djou). En soirée, Marcel venait donner un peu d’aide à sa fille et assurait la fermeture de l’établissement. Qui dit bistrot, dit participation aux fêtes du village. C’est ainsi que Marcel et sa fille ont vécu des heures inoubliables lors des carnavals de Thieu.

Les jeunes du village étaient fidèles aux festivités organisées à cette époque. C’est ainsi qu’une année, lors d’une sortie carnavalesque, les jeunes se sont rassemblés derrière la société de gilles, déguisés à leur façon en mettant une ambiance digne des plus grands carnavals. Durant 3 ans, ce groupe de jeunes qui avait atteint une bonne centaine d’adeptes, avait sa propre musique et était indépendante des autres sociétés qui formaient le cortège. Sans hiérarchie, sans règlement, ce groupe s’est rapidement disloqué en laissant un fond de caisse assez important.

Un des jeunes, responsable des finances, Alberto Ferreti, proposa alors à Marcel de former une nouvelle société qui aurait son local au Café du Monument. Patients, les deux compères en parcourant les activités organisées autour du carnaval, remarquèrent l’exposition et la vente de légumes des aînés du village. Pour attirer la population vers le concours et le marché de légumes, Marcel et Alberto trouvèrent l’idée de construire des maisonnettes, chalets en bois qui protègeraient des intempéries, la marchandise mais aussi les aînés. L’argent des jeunes avaient trouvé une utilité publique : les maisonnettes-chalets…

Les chalets mis à toutes les sauces …

Pendant la première moitié de l’année 1988, Marcel et Alberto, avec de nombreux sympathisants, ont façonné 14 chalets dans le Café du Monument. Ils étaient fin prêts pour la kermesse de septembre. Après ce cuisant succès, la plupart de ces gens pouvaient former une nouvelle société : « Les Thirifous ».

Avec ce nouvel outil, les Thirifous se sont sentis pousser des ailes en organisant de nouvelles activités : courses cyclistes, joggings, voyages, concours de cartes, jeux de kermesse, bals, concours de dessins pour enfants et bien sûr les marchés de Noël et les courses de caisses à savon… Le succès des chalets ne se fit pas attendre. C’est ainsi que les maisonnettes furent louées ou prêtées un peu partout : au port de plaisance à Thieu, Houdeng, Braine-le-Comte, Cuesmes, Merbes-le-Château…

Aujourd’hui, avec le temps, le groupe des Thirifous s’est étiolé, mais Marcel et quelques amis sont toujours là notamment pour le marché de Noël. Même si la commune de Thieu a subi de mauvais traitements avec l’arrivée du nouveau canal, les Thiérois ont fait de leur mieux pour garder, à leur manière, un accueil chaleureux et des festivités pour toute la population. Avec les ascenseurs, le canal, la réserve naturelle, la salle de sports, la bibliothèque…, le village de Thieu est devenu incontournable dans notre Entité.

Patrick Renaux

 

 

Petites histoires de gendarmerie et de police rurale…

En ces temps de confinement et de déconfinement, il faut admettre que notre police actuelle (fédérale et locale) a effectué des missions très particulières pour le bien-être de tous. Un tout grand merci pour le travail de ces hommes et de ces femmes qui ont été exposés à la COVID 19 dans des situations atypiques. C’est sans doute pour ces raisons que m’est venue l’idée d’écrire un petit aperçu de l’histoire locale de ces personnes qui sont chargées de veiller à la sécurité publique et d’assurer le maintien de l’ordre et l’exécution des lois.

L’histoire de notre gendarmerie commence avant celle de la Belgique indépendante

Gendarmerie située avenue des Braves (actuellement avenue du Roi Albert)

En 1795, nos régions sont annexées par la France. Un nouveau système administratif et judiciaire prévoit la mise en place d’une gendarmerie. Elle est créée en 1796. En cette année, on mentionne déjà l’existence d’une brigade au Roeulx alors dépendante de la lieutenance de Mons et faisant partie du département français du Hainaut.

En 1814, les provinces belges passent aux mains des Hollandais. Le Prince Guillaume d’Orange approuve l’organisation d’une nouvelle « maréchaussée ». Il refuse la dénomination gendarmerie. En 1851, la brigade du Roeulx se compose d’un effectif de 5 hommes : un brigadier et 4 gendarmes cavaliers. En 1989, la gendarmerie rhodienne compte 9 gendarmes placés sous le commandement de l’adjudant-chef Waltzing.

En 1998, suite à des dysfonctionnements (affaire Dutroux notamment) entre les 3 corps de police constitués, une loi fédérale découlant de l’accord « Octopus » organise un service de police intégré et structuré à 2 niveaux, celui de la police fédérale (police spécialisée et d’appui) et celui de la police locale (police de base), ce qui change profondément le paysage policier belge. La date clé de cette réforme de la police est le premier avril 2001. Les mots « gendarmerie » et « gendarme » disparaissent de notre langage quotidien.

Au niveau des bâtiments rhodiens occupés par la gendarmerie du Roeulx, je peux citer en ordre chronologique : des bâtiments situés à l’avenue des Braves (actuellement : avenue du Roi Albert), d’autres sur la Place du Souvenir, d’autres encore à la rue Verte et les bâtiments actuels situés à l’angle formé par la rue de l’Ange Gardien et la rue Paul Janson.

Gendarmerie située Place du Souvenir

Ce dernier complexe administratif de la brigade de gendarmerie du Roeulx fut inauguré le 21 juin 1989. Petite anecdote à propos de cet instant solennel… Lors de la réception des autorités et invités au château du Roeulx, Nicole Chevalier (épouse de Jacky Chevalier) eut droit au baisemain de l’organisateur de l’événement. Elle suivait le jeune prince se faisant discrète parce qu’elle arrivait avec un léger retard… La confusion fut totale et provoqua de nombreux sourires parmi les collègues de Jacky.

Un exemple de parcours pour devenir gendarme !

Au beau milieu des années 60, Jacky Chevalier fit une demande d’inscription à l’école de gendarmerie auprès de la brigade locale. S’ensuivit une enquête locale à propos de sa personnalité. En 1967, Jacky entra à l’école de gendarmerie située sur le Boulevard Général Jacques à Ixelles. Des cours de droit pénal, procédure pénale, police scientifique, français et néerlandais… lui furent notamment donnés pendant 2 ans. Après ce cycle, il suivit pendant 3 mois des cours NBC (Nucléaire Bactériologie Chimie).

Un souvenir inoubliable de Jacky !

Lors d’une des courses cyclistes « Paris – Bruxelles », Jacky, pris par le temps, dut ouvrir la course avec la camionnette de gendarmerie à partir du bois d’Havré en direction de Soignies. Devenu directeur de course pour quelques kilomètres, il indiqua la route afin d’éviter le centre du Roeulx… en cause : d’importants travaux effectués sur la chaussée de Mons à hauteur du Spar actuel. Sacré Jacky !

Outre la réorganisation policière de 2001, la police locale a connu une autre aventure avec la fusion des communes

En 1976, il y avait au Roeulx, un garde champêtre et un agent de police. L’agent de police, André Schaillié, avait ses activités consacrées au centre du Roeulx. Le garde champêtre, Marc Moreau, s’occupait de tout ce qui concernait l’extérieur de la ville. Dans les autres communes de la future entité, il n’y avait qu’un garde champêtre : à Mignault, Henri Manderlier, à Thieu, Claude Heulers, à Gottignies, Norbert Wilmart et à Ville-sur-Haine, André Kneuts.

Dans les petites entités, la fonction d’un commissaire n’était pas nécessaire. Pour des raisons financières, les édiles communaux optèrent pour un garde champêtre en chef et 5 gardes champêtres. Avec la fusion des communes, la place manquait pour tout le personnel qui devait travailler pour la nouvelle entité. C’est ainsi qu’on a réparti les policiers à la maison communale de Thieu, l’administratif à l’Hôtel de Ville du Roeulx, l’État Civil et la Population à la maison communale de Ville-sur-Haine et, peu de temps après, à l’Ancien Hôpital Saint Jacques.

Pour se déplacer à travers toute l’entité, les gardes champêtres en exercice utilisaient leur propre véhicule. Ce n’est qu’après les années folles des « Tueurs du Brabant wallon » (1982 – 1985) que l’entité fut obligée d’acheter des véhicules de police. C’est ainsi que 3 « Citroën Acadiane » furent achetées mais à des fins particulières : un véhicule pour le service des travaux, un autre pour la police et le dernier à des fins mixtes : pour la police et la commune.

À la même époque, la police dut s’équiper de radios portatives. Comme dans de nombreuses circonstances, tout le matériel fut livré partiellement. Il manquait le poste central… C’est ainsi qu’un Mignaultois spécialiste des ondes, Hector Vanderstraeten, vint au secours des policiers en utilisant une radio portative, des fils et une petite antenne montée dans le grenier des locaux de la police.

Aujourd’hui, l’équipement des policiers suit le flux de la modernité et de l’efficacité. La fonction de policier, fort masculine pendant longtemps, s’est ouverte au monde féminin. Tous ces changements sont plus que nécessaires dans un monde qui évolue sans cesse.

Patrick Renaux

Je tiens à remercier Jacky Chevalier ( gendarme retraité) et André Scaillié ( policier retraité) qui m’ont aidé à l’élaboration de ce texte.

Gendarmerie située rue Verte

Cérémonie d’hommage aux mineurs morts à Thieu le 2 mars 1914

Organisation : Cercle d’Histoire – Ville du Roeulx – Amicale du Souvenir des Gueules Noires et Hiercheuses de Wallonie.

Photos Jean Leclercq

Photos Patrick Bouillon

 

Exposition « Gueules noires » en hommage aux 9 mineurs ensevelis au puits Saint-Henri de Thieu le 2 mars 1914

La Ville du Roeulx vous invite à découvrir l’Exposition « Gueules noires » en hommage aux 9 mineurs ensevelis au puits Saint-Henri de Thieu le 2 mars 1914.

Cette exposition animée par d’anciens mineurs (projection, photos, outils, …) se tiendra du 18 au 20 février de 9h00 à 18h00 dans la salle Le Relais située sur la place Hardat à Thieu. Entrée gratuite.

Une organisation du Cercle d’Histoire Léon Mabille et de l’Amicale du Souvenir des Gueules Noires et Hiercheuses de Wallonie, en collaboration avec la Ville du Roeulx.

Voir aussi : Photos du vernissage de l’exposition “Gueules noires”

 

Photos du vernissage de l’exposition “Gueules noires”

Photos prises par Jean Leclercq durant la soirée de vernissage de l’exposition Gueules noires, du 18 au 20 février 2020 à Thieu (infos sur www.leroeulx.be/events/exposition-gueules-noires)

Thieu avec Réserve…

Illustre dans le monde entier pour ses ascenseurs et ses canaux, le village de Thieu détient encore bien d’autres trésors…

Photo Jean Leclercq

Beaucoup moins connue par le grand public, la Réserve naturelle de Thieu fait partie de ces fameux joyaux depuis de nombreuses années. Le site se trouve dans un fond de vallée, au confluent du Thiriau du Luc et de la Haine.

Début des années 60, le site de Thieu a bien failli disparaître. Des travaux de rectifications et de bétonnage des deux rives de la rivière sont entrepris pour faire cesser les inondations régulières des villages de Maurage, Boussoit, Thieu et Ville-sur-Haine. Par la suite, les terrains bordant celle-ci furent acquis par la Cimenterie d’Obourg (Holcim) pour entreposer des déchets de l’extraction du charbon. Un peu plus tard, ces déchets furent récupérés comme combustible par les cimentiers. En 1985, cette activité cessa définitivement. La cuvette ainsi formée se remplit d’une eau pure et limpide en provenance des pluies et de la nappe du sol. C’est en 1987 que la première parcelle de 12 ha posa les jalons de la Réserve naturelle de Thieu.

En quelques années, après de nombreux contacts et discussions entre le comité de gestion et les propriétaires des terrains, la Réserve naturelle de Thieu comprend aujourd’hui un peu plus de 30 ha. Située entre les agglomérations de Mons, du Roeulx et de La Louvière, la Réserve est une exception dans le paysage urbain, industriel et agricole. Pour s’en rendre compte, il suffit d’énumérer les infrastructures qui la bordent ou qui la traversent : le canal, le chemin de fer, les lignes à haute tension, les industries, les routes rapides, les quartiers peuplés, les champs cultivés… C’est la grande diversité du milieu qui explique la richesse de sa faune et de sa flore. Outre le plan d’eau, on trouve à Thieu des bouquets de saules, des berges en pentes douces ou abruptes, des prairies humides à joncs, des pelouses plus sèches sur remblais, des ronciers, une lisière forestière…

Photo Jean Leclercq

Photo Jean Leclercq

Photo Jean Leclercq

 

Photo Jean Leclercq

La Réserve naturelle « des Prés à Thî » s’inscrit dans un vaste programme initié par l’association des Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique qui vise à protéger les derniers marais de la vallée de la Haine. Un comité de gestion réfléchit et trace les lignes directrices de la gestion et de la restauration des différents milieux. Une équipe de bénévoles assure le travail de terrain ainsi que de surveillance. Des groupes d’enfants et d’adolescents d’établissements scolaires de tout bord viennent travailler régulièrement à la réserve sous la surveillance de leurs professeurs. Différentes associations se sont unies dans l’organisation d’une journée de défrichage écologique à la Réserve. Le produit de l’abattage a permis concrètement à des familles en difficultés de La Louvière et de Charleroi de se chauffer durant l’hiver. Voilà des activités qui profitent à tout le monde, en prenant un bol d’air dans un cadre exceptionnel.

Si vous désirez participer aux journées de gestion, tenez-vous prêts de 9h00 à 13h00 aux dates suivantes : 21/10/2019, 18/11/2019, 16/12/2019 et le 20/01/2020. Les rendez-vous sont toujours fixés à la gare d’Havré. Pour plus d’amples renseignements, vous pouvez contacter le conservateur Mandy Marchi au 0498 543 658. Bonne promenade et bon amusement !

Patrick Renaux

Un nom bien de chez nous : les Bins Rinlis

Mais qui sont donc « Les Bins Rinlis » ? Personnages dotés d’une volonté d’animation, ils délivrent leur savoir-faire en milieu thiérois. Leurs origines, selon les documents que je possède, remontent à une époque lointaine du siècle dernier…

La société de gilles « Les Bins Rinlis » fut fondée en 1951. À cette époque, un comité prit place pour la bonne organisation des festivités carnavalesques. Le président d’honneur : Elie Guertinmont, le président : Adhémar Fondu, le secrétaire : Louis Fondu et le trésorier : René Blondiau assistés de commissaires. Gilbert Thomas, Léon Plancq et Louis Debeer mirent la première pierre de l’institution « Les Bins Rinlis ». Les activités de cette société folklorique durèrent 6 ou 7 ans selon les dires des anciens que j’ai rencontrés.

Fin des années 70, Michel Debaise lança un défi à un des anciens commissaires, Léon Plancq : la renaissance d’une société de gilles. C’est ainsi qu’au mois d’octobre 1978 se tint une réunion avec toutes les bonnes volontés entourées des familles Nicaise, Vandaule, Berger, Debeer et Malengré ( gilles de la première mouture ) pour établir un calendrier étoffé d’activités lucratives nécessaires à la société « Les Bins Rinlis ». Au mois de novembre, le premier bal des gilles connut un beau succès.

En 1979, pour renforcer la société, le président Léon Plancq établit un règlement interne. Depuis, de nombreux présidents se sont succédé : Georges Godissart, Camille Minart, Jean-Marc Pichrit, Cédric Lambert, Fabrice Martinez et Benjamin Bougard (actuel président). Georges Godissart, détenteur du plus grand nombre d’années de présidence, se souvient des tournois de mini-foot menés avec enthousiasme par Patrick Godissart et des tournois de pétanque. Lors d’une de ces activités, 25 fûts de bière, 300 kg de frites et 150 kg de viande furent avalées par les sportifs et leurs supporters.

Début des années 80, une semaine avant le carnaval, les membres du comité des Bins Rinlis passaient chez les cafetiers pour leur faire acheter une carte de membre d’honneur (et donneur). Ils passaient donc à la Maison du Peuple, au Cercle Union, aux cafés : de la Cense, de l’Ascenseur, de la Gare, du Monument et à la salle Héron.

Aujourd’hui, les cafés ont disparu du paysage thiérois. Seules quelques buvettes volantes peuvent approvisionner les mordus du carnaval. Une nouvelle équipe d’un âge moyen de 20 ans veut donner un nouveau souffle au carnaval de Thieu. Suite à un courrier distribué dans le village au mois de juin, le nouveau comité composé de Benjamin Bougard : président, Grégory François : vice-président, Florian Demarez : trésorier, Alisson Paternostre : secrétaire, Nicolas Meeus, Donovan Poroli, Jason Harvent, Thomas Malengré : commissaires, a oeuvré pour construire un lien fort avec les citoyens. Ainsi, il a élaboré un « plan d’action » 2019-2020, envisagé le déroulement de l’année, organisé les cagnottes et examiné l’état actuel de la société. Un barbecue sur la Place Hardat a été prévu fin de ce mois de juillet. Nous ne pouvons que souhaiter un franc succès à ces jeunes qui veulent défendre leur folklore local.

Patrick Renaux

Charbonnage Saint-Henri à Thieu

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Les premières exploitations

Au début des temps modernes, cette exploitation comprenait sans doute un puits peu profond, quelques galeries où les entrepreneurs descendaient travailler eux-mêmes.

Les moyens mécaniques fort rudimentaires, l’inexpérience des ouvriers, le mode de concession des mines (3 – 6 – 9), la faible consommation de charbon avant l’essor de l’industrie moderne, l’absurde préjugé faisant considérer le noir combustible comme dangereux pour la santé, les événements politiques et les nombreuses périodes d’agitation furent autant d’obstacles qui brisèrent le développement des « charbonnières ».

Ainsi, vers la fin du XVII ième siècle, l’art difficile d’exploiter les mines en était encore, dans le bassin du Centre, à sa période d’enfance.

Après avoir épuisé les gisements de collines, dans lesquelles ils pénétraient par des galeries, nos ancêtres procédèrent au forage de puits donnant accès aux veines de faible profondeur

A partir des puits, ils pratiquaient des galeries qui leur permettaient d’aller abattre la houille au moyen de pics.

Celle-ci était amenée au puits dans des récipients traînés à même le sol, puis plus tard, montés sur des roues.

Les puits furent, à l’origine, surmontés de tourniquets à bras qui permettaient de remonter les paniers de charbon, appelés « cuffats » .

Aux tourniquets à bras se substituèrent dans la suite les manèges à chevaux, ceux-ci disparaîtront au 18 ième siècle au fur et à mesure de l’installation des machines à vapeur dites d’extraction ; tandis que les cuffats seront remplacés par des cages métalliques guidées le long des parois des puits.

Création des sociétés

Les comptes du domaine du Roeulx, année 1467, chapitre XV des recettes signalent une « carbonère con dist le Brulotte gisant au terroir de Thieu, de Ville sour Hayne et aux alentours » ; nous ne possédons que cette simple mention de la « carbonère « primitive de la « Brulotte » sur les territoires de Thieu de Ville-sur-Haine.

La société de Bracquegnies fut créée le 3 avril 1715, le Prince de Croy, haut justicier de Thieu, ayant accordé le droit de tirer du charbon sur son fief à Eloy et André Monoyer, Alexandre Ripoteau et Jean-Paul Fiévez.

Elle creusa, pour l’assèchement de ses chantiers, un conduit aboutissant à niveau du Thiriau, près de la planche au sentier de Thieu.

En 1727, les entrepreneurs du charbonnage de Bois-du-Luc creusèrent un conduit dans la direction de Bracquegnies et Thieu ; l’exécution de cette galerie d’écoulement coûta plus de 200.000 Florins mais elle permit de constater la puissance et la richesse du dépôt charbonnier.

A partir de 1730, les grandes espérances que l’on fonde sur les charbonnages en activité stimulent les recherches et de nouvelles sociétés se constituent.

Origine à Thieu

Les comptes du domaine du Roeulx, année 1467, chapitre XV des recettes signalent une « carbonère con dist le Brulotte gisant au terroir de Thieu, de Ville sour Hayne et aux alentours ».

Nous ne possédons que cette simple mention de la « carbonère « primitive de la « Brulotte » sur les territoires de Thieu de Ville-sur-Haine.

Il est difficile de préciser la date exacte de la constitution de la société nouvelle « Thieu – Ville – Gottignies « ; deux éléments permettent toutefois de situer la naissance de cette compagnie entre 1732 et 1773.

D’une part, les comptes de la seigneurie du Roeulx pour 1732 signalent qu’on ne tire plus de charbon à Thieu, Ville et Gottignies.

D’autre part en 1773, les maîtres des fosses ouvertes à Thieu, Ville et Gottignies signent une requête pour obtenir la chaussée de Soignies à Mariemont.

Signalons que ce document mentionne aussi la société des fosses du Roeulx, formée par un sieur Parot, dont les héritiers ont revendiqués par demande du 2 mars 1837 la concession.

Deux autres demandes furent présentées le 21 avril 1838 et le 7 mai 1838, la première par MM Dequanter, Bouchie, Marlier, Dumortier et Consorts, la deuxième par le Prince de Croy-Solre.

Les 8 janvier et 7 mars 1861, une société française commença deux sondages et abandonna.

Historique de la société

Le bulletin officiel du royaume de Belgique (Tome XXI, n° 227, année 1840) nous donne quelques renseignements complémentaires sur cette compagnie.

Le 2 janvier 1787, le comte du Roeulx accorde une suite favorable à une requête des maîtres des houillères de Thieu, Ville et Gottignies, à savoir Louis Bellot et co-associés.

Le 24 messidor an VI, une déclaration de l’administration municipale du canton du Roeulx reconnaît « que les sieurs Bellot, Nicolas-François Piérache et autres composant la société de Ville-sur-Haine exploitent les mines de charbon qui se trouvent dans les territoires de Ville-sur-Haine, Thieu et Gottignies, en vertu de concession qui remonte à des temps reculés et dont la reproduction est moralement impossible.

L’exploitation passa ensuite entre les mains de MM Van Miert, Nicaise, Fontaine et Mauroy de Mons ; ceux-ci demandèrent en 1830 la confirmation des concessions antérieures.

Par acte du 3 juin 1834, Gustave Visart de Bocarmé demeurant à Thieu, Alexandre Delaroche de Thieusies et Marc Lefebvre de Tournai reprenaient la concession Thieu-Ville-Gottignies (2313 hectares).

Les statistiques des mines de Thieu,Ville-sur-Haine et Gottignies établies le 3 janvier 1840 nous apprennent que 20 ouvriers sont occupés par la société : 5 de 10 à 15 ans, 15 de plus de 15 ans mais pas de femmes.

En 1830, le salaire journalier oscille entre 80 et 90 centimes, il est fixé entre 1 F 20 et 1 F 30 en 1836, c’est-à-dire le prix d’un hectolitre de charbon.

Les travaux de recherches établis à Thieu au lieu dit « La Brûlotte « furent interrompus vers 1842.

La concession de Thieu – Ville – Gottignies fut réunie à la société de Bracquegnies par l’arrêté royal du 28 mars 1870.

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En 1908, la société de Bracquegnies creusa à Thieu au lieu dit « Ruelle malade » le puits Saint Henri.

Au moment de la catastrophe de 1914, l’extraction était très importante : 2.000. chars de charbon par jour ; le nombre des ouvriers ne cessait d’augmenter, une partie d’entre eux venait de Flandre.

En 1938, il y avait 800 ouvriers et en juin 1958, au moment de la fermeture il était 900

En 1970, cent ans après le début de la concession, reprise par la société de Bracquegnies, celle-ci renonce à ses droits.

La députation permanente autorise l’abandon de la concession et ordonne le remblaiement de la buse d’extraction.

La catastrophe du 2 mars 1914

En 1914 des terrains s’affaissèrent au Coron Marin et le 2 mars, un catastrophique coup d’eau fit 9 morts dans la mine de Thieu.

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Le 2 mars 1914 à 19h30, les eaux et les sables des morts-terrains envahirent tout à coup les travaux souterrains du siège St Henri à Thieu.

Les eaux s’étaient livrés passage par la paroi d’un bouveau creusé dans la région du couchant, la mine fut envahie avec une grande rapidité.

Chaque moment de retard que s’imposèrent de braves ouvriers pour prévenir leurs compagnons, par l’accomplissement d’un devoir d’humanité, pouvait leur coûter la vie.

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Les ouvriers Denis Hennicq, Emile Richelet et Vital Sauvage travaillaient dans les galeries voisines où le coup d’eau s’est produit ; au lieu de fuir immédiatement, ils allèrent au devant de l’inondation et tous ensemble luttant contre le courant d‘eau et de boue, ils tentèrent de sauver l’ouvrier Vandenbosch, qui avait les deux jambes cassées.

Malheureusement, l’eau qui montait toujours rendait leurs efforts illusoires, la chute des lampes les plongea dans l’obscurité complète ; dans ces conditions, le malheureux qu’ils voulaient sauver leur échappa et les braves ouvriers gagnèrent à grande peine l’accrochage.

Extrait du moniteur du 18 juillet 1914.

Un beau geste de la Reine ELISABETH.

Visite de la Reine aux familles des victimes de la catastrophe du charbonnage St Henri à Thieu le 2 mars 1914.

La Reine ELISABETH, femme au cœur généreux qui si souvent déjà s’est penchée avec pitié sur les souffrances des malheureux, vient de justifier une fois de plus son beau nom de consolatrice des malheureux.

Avant-midi, Mr INGENBLECK, secrétaire de leurs Majestés, était passé en automobile à Thieu ; il avait fait avertir Mr MANCHE (gérant du charbonnage) qu’il se présenterait chez lui l’après-midi, les familles des victimes étaient également prévenues qu’on viendrait leur rendre visite l’après-midi.

Vers 17 heures, une grosse voiture automobile s’arrêta devant la maison du porion Léopold HARDAT, l’héroïque mineur qui trouva la mort en tentant un dernier effort pour arrêter le torrent souterrain.

Quelques personnes attirées par le ronflement du moteur virent descendre de l’automobile, un Monsieur et deux Dames vêtues de noir.

Mr INGENBLECK se présenta et fit connaître l’Auguste Visiteuse, sa Majesté s’entretint alors pendant dix minutes avec Mme HARDAT et ses enfants leur prodiguant à tous, avec une exquise douceur ses meilleures consolations.

Après avoir affectueusement serré les mains, elle regagna la voiture royale, saluée respectueusement par les quelques curieux qui stationnaient dans la rue.

L’automobile se dirigea alors vers la place des Aulnois ; la Reine précédée de Mr INGENBLECK descendit de l’auto et s’engagea dans la petite ruelle, qui à travers les jardins conduit à la maison de Vital VANDENBOSCH, qui trouva la mort dans les circonstances affreuses que l’on sait.

Mr INGENBLECK annonça à Mme VANDENBOSCH qu’elle allait recevoir la visite de sa Majesté la Reine ; ici, encore, la Reine prodigua les paroles les plus douces au cœur de ces malheureux, elle demanda affectueusement des renseignements sur cette famille.

On lui répondit que cinq des enfants étaient des filles et que le dernier était le jeune garçon de 13 ans et demi.

La Reine voulut savoir où il travaillait ; à la verrerie fut-il répondu, il se lève à 4 heures et part au train à 4 heures 50, il revient le soir à 18 heures ; la Reine déclara : pauvre petit, je m’intéresserai à vous, je vous le promets.

La Royale Visiteuse prit congé de la famille VANDENBOSCH et regagna son automobile escortée par les filles du malheureux mineur ; elle donna à celles-ci une dernière poignée de main et l’automobile démarra.

A Thieu, personne ne voulait croire que c’était la Reine, qui aussi simplement, était venue rendre visite aux familles éprouvées par la catastrophe.

Jésuite Georges DEMEIVRE de Strasbourg, Château St Pierre à Thieu.